Balade à la recherche des jacinthes bleues

La sécheresse sévit en  forêt de Saint Germain

Une nouvelle sécheresse menace les arbres en 2023 malgré quelques pluies tombées en mars et avril. La balade proposée jeudi 13 avril a pour objectif de voir comment la forêt se porte après une dizaine d’années de sécheresses estivales répétées sur les sols de sables et cailloux laissés par l’ancien cours de la Seine. La forêt que nous laisserons à la génération qui nous suit sera forcément différente, l’observation des arbres nous l’indique déjà.

Départ habituel des Caves du Nord à Maisons-Laffitte (ancienne

Entrée du Roy), après avoir longé la caserne Galliéni nous traversons une futaie de hêtres avec des charmes au-dessus d’un parterre de jacinthes bleues en début de floraison. Les chênes et les hêtres en train de bourgeonner laissent passer la lumière qui éclaire les feuilles de charme d’un vert tendre et les clochettes bleues des jacinthes. Un peu plus loin, nous traversons un bois de grands sapins de Douglas plantés

probablement après la seconde guerre mondiale. Les arbres poussent tout droit vers le ciel, on retrouve les lignes de plantation, mais des coupes d’éclaircie ont été faites, laissant la lumière pénétrer le sous-bois où s’amorce une régénération de jeunes feuillus (charmes et hêtres) et de sapins de Douglas. Sur une centaine de mètres on peut s’imaginer être dans l’Ouest américain, région d’origine de ces très beaux arbres qui côtoient les séquoias par leur hauteur. Ce peuplement est en bonne santé et les jeunes arbres indiquent que le sol est meilleur ici et la sécheresse pas trop forte.

Un peu plus loin, une fois traversé l’Etoile du Bout du Monde en direction de l’ancien champ de tir (terrain d’exercice dépendant de la caserne) et du mur terminé sous Napoléon Ier, les sols ont de faibles réserves en eau et la forêt est plus claire et moins haute. Quelques très vieux chênes font exception, mais ils montrent des signes de dépérissement : de grosses branches mortes, un envahissement par le lierre…. On ne trouve plus de hêtre, arbre qui a besoin d’un sol profond et frais pour résister à la sécheresse, et peu de jeunes chênes. Les forestiers

ont planté il y a plus de 60 ans des pins noirs Laricio et des pins sylvestres mélangés aux feuillus. Ces derniers sont mal en point, les aiguilles roussies, ils ne survivront pas tous. L’ancien champ de tir n’a pas été planté, le genêt qui va bientôt fleurir est le premier à s’y installer, des bouleaux profitent de la lumière mais aussi des charmes et le cerisier tardif qui fait ses feuilles avant de fleurir contrairement aux merisiers et aux cerisiers de nos jardins. Il est devenu  très envahissant dans cette partie de la forêt et il fait de l’ombre aux semis naturels de chênes (à partir des glands) qui n’arrivent pas à se développer.

Plus loin, le long du mur une parcelle de 5 ha a été replantée il y a 4 ou 5 ans. Les petits plants de pins maritimes commencent à sortir de leur manchon en plastique les protégeant de la dent des chevreuils. Cette nouvelle espèce introduite à Saint Germain a été choisie par l’ONF pour sa résistance à la sécheresse et aux canicules dans les sols de sable. Le pin maritime vit naturellement sur les dunes en bordure de l’Atlantique de la Vendée au Pays Basque. La forêt devrait être toujours là dans 50 ans sous un climat plus chaud et sec mais dans cette partie proche de la Seine elle produira moins de bois. Par contre elle offrira aux randonneurs et promeneurs un espace naturel riche en biodiversité. Un mélange de feuillus et de résineux souvent plus résistants aux sécheresses laissera passer de la lumière dans une ambiance qui évoquera davantage les forêts actuelles du Sud Ouest.

 Philippe Eveillard, randonneur et botaniste amateur

Balade du 17 avril 2023